Morokro : la Chefferie touchée par une affaire de drogue, le village divisé autour du retour du chef
Postée le 25-08-2025 / 143 Vues

Le village de Morokro, dans le département de Tiassalé, vit depuis plusieurs mois une situation tendue marquée par une profonde division de sa population. En cause, le retour annoncé de son chef, Nanan Bitty Souho Georges, blanchi par la Cour d’appel d’Abidjan après une condamnation pour détention et trafic de drogue. Si certains villageois réclament son rétablissement à la tête de la chefferie, d’autres refusent catégoriquement de le voir reprendre ses fonctions, au nom de l’honneur du village.

En 2023, Nanan Bitty Souho Georges est condamné à trois mois de prison ferme par le tribunal de  ef="/tag-Tiassalé">Tiassalé pour détention et trafic illicite de drogue. Cette décision judiciaire entraîne immédiatement sa suspension par arrêté préfectoral signé le 2 août 2024 par le préfet de Tiassalé, Kouamé Ouffoué. Pour assurer la continuité du pouvoir traditionnel, un Comité provisoire de gestion dirigé par Dié Kacou est mis en place.

Un nouveau chef désigné

Mais dès le 1er novembre 2024, à l’expiration du mandat de ce Comité, un tournant majeur survient. Les trois grandes familles de Morokro, estimant que la situation judiciaire du chef suspendu portait atteinte à la crédibilité du village, se réunissent pour désigner un nouveau leader. Leur choix se porte sur Ettien Kadjo, personnalité respectée, réputée pour sa droiture et son attachement à la communauté.

 Le même jour, un procès-verbal de désignation est transmis aux autorités administratives et judiciaires, dont le sous-préfet de Morokro, le préfet de Tiassalé et le ministère de l’Intérieur.

C’est une cabale montée contre Nanan Bitty

Alors que le village pensait tourner la page, la Cour d’appel d’Abidjan rend en 2024 une décision d’acquittement en faveur de Nanan Bitty Souho Georges, estimant que les charges retenues contre lui n’étaient pas suffisamment établies. Pour ses partisans, cette décision réhabilite totalement le chef et impose son retour à la tête de la chefferie.

« C’est une cabale montée contre Nanan Bitty », affirme Essan Jules, cadre du village et membre du Conseil régional de l’Agnéby-Tiassa. Selon lui, certains détracteurs cherchaient depuis 2017 à écarter le chef sans succès. « La gendarmerie avait découvert des éléments compromettants chez d’autres personnes. Mais à notre grande surprise, c’est Nanan Bitty qu’on accuse d’être trafiquant et consommateur de drogue », explique-t-il.

Nous avons fait appel et nous avons gagné

L’homme insiste également sur la faiblesse de la condamnation initiale. « Pour une affaire de drogue, on ne condamne pas un accusé à trois mois seulement. Il n’y a jamais eu de perquisition chez lui. Quand nous avons appris sa condamnation, nous avons fait appel et nous avons gagné », assure-t-il.

Malgré son acquittement, une partie des habitants de Morokro reste fermement opposée au retour de Nanan Bitty Souho Georges. Pour ces familles, sa seule implication dans une affaire de drogue a terni l’image du village. Leur attachement à Ettien Kadjo, désigné lors de la vacance du pouvoir, reflète leur volonté de tourner définitivement la page.

Ils sont repartis avec Nanan pour qu’il reprenne sa place

De l’autre côté, ses partisans affirment que les autorités administratives, notamment le préfet de région, a déjà pris acte de son acquittement et demandé qu’il retrouve son poste. Une mission composée de chefs traditionnels du département de Tiassalé aurait même rencontré les familles pour leur transmettre cette décision. « Ils sont repartis avec Nanan pour qu’il reprenne sa place », soutient Essan Jules.

Mais certains villageois exigent un acte administratif formel. « Les gens disent qu’il faut que le préfet lui-même vienne avec une note pour dire que l’intérim est fini », explique-t-il.

Un climat sous tension

Pour l’heure, la situation reste suspendue à une décision préfectorale claire. Si les partisans du chef assurent qu’il n’existe aucune tension palpable à Morokro, la méfiance et les divergences demeurent. Chacun campe sur ses positions, dans l’attente d’un dénouement officiel.

« Nous, la famille régnante, observons la situation. Nous attendons que le préfet envoie un courrier mettant fin à l’intérim de Dié Kacou afin que Nanan Bitty et le sous-préfet puissent informer la population », indique encore Essan Jules.

Tous ceux qui continuent de dire que Nanan est un trafiquant de drogue, nous sommes prêts à les traduire en justice

Mais au-delà des procédures, le climat est marqué par des mises en garde. « Tous ceux qui continuent de dire que Nanan est un trafiquant de drogue, nous sommes prêts à les traduire en justice », prévient-il.

Le cas de Morokro illustre une problématique plus large : la difficulté de concilier décision judiciaire et légitimité coutumière. D’un côté, la justice a tranché en faveur du chef suspendu, blanchissant son image. De l’autre, une partie de la population estime que l’ombre du scandale suffit à disqualifier définitivement son autorité morale. Lire la suite sur https://www.linfodrome.com/societe/112720-morokro-la-chefferie-touchee-par-une-affaire-de-drogue-le-village-divise-autour-du-retour-du-chef

 

 

Mots clés: #Tiassalé #Morokro
Source : LINFODROME
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