
L’enquête sur les méthodes du service d’élite antidrogue marseillais vise désormais la haute hiérarchie : deux commissaires, chefs de l’Ofast Marseille, ont été placés en garde à vue ce lundi matin dans les locaux de l’IGPN, la police des polices. Au cœur des soupçons, notamment, une livraison surveillée de cocaïne qui a viré au scandale.
C’était l’opération anti-drogue qui devait faire entrer l’Ofast (Office anti-stupéfiants) de
Marseille dans la légende. L’idée : suivre l’entrée en France de près de 400 kilos de cocaïne en provenance de Colombie. Puis espérer faire tomber un grand narcotrafiquant français à la tête d’un quartier phocéen générant jusqu’à 1,3 million d’euros mensuel de vente de stupéfiants.
Las, l’opération a viré au fiasco. La drogue s’est volatilisée, aucune interpellation n’a été réalisée, et l’affaire a révélé les méthodes douteuses d’enquêteurs, entre arrangements avec le code de procédure pénale et soupçons de corruption. Pire : toute la hiérarchie de ce service d’élite est désormais éclaboussée, faisant craindre un scandale policier de grande ampleur.
Selon nos informations, les deux patrons de l’antenne de l’Ofast de Marseille ont été placés en garde à vue ce lundi matin dans les locaux de la Division nationale des enquêtes (DNE) à Paris, l’unité de l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) chargée des dossiers sensibles.
Il s’agit d’une commissaire divisionnaire, numéro 1 de l’Ofast Marseille, et de son adjoint, un commissaire principal. Ces hauts gradés sont entendus dans le cadre de l’information judiciaire, pilotée par la Junalco, ouverte notamment pour « importation et trafic de stupéfiants en bande organisée », « faux en écriture publique » et « atteinte à la vie privée ». Dans cette affaire sans précédent, deux indicateurs et trois enquêteurs de l’Ofast Marseille ont déjà été mis en examen, dont deux placés en détention provisoire. Seul le capitaine, le chef de groupe, a été laissé sous contrôle judiciaire contre l’avis du parquet de Paris.
Le fiasco de l’opération Trident
À l’origine, une opération prometteuse baptisée « Trident ». L’Ofast Marseille reçoit en 2023 un tuyau de l’un de leurs indicateurs, corroboré par la DEA, l’agence anti-drogue américaine. Deux conteneurs contenant près de 200 kilos de cocaïne dissimulés dans des cargaisons de bananes doivent débarquer au port de Marseille en provenance de Carthagène (Colombie) avant de transiter vers la région parisienne. Avec l’accord des magistrats marseillais, une « livraison surveillée » une technique d’enquête policière visant à laisser entrer de la drogue sur le territoire français pour identifier les trafiquants et démanteler le réseau d’importation, est mise en place.
Parmi la centaine d’enquêteurs qui composent l’antenne marseillaise de l’Ofast, c’est le groupe 8, l’un de ceux chargés de réprimer le trafic international de drogue et celui qui a été destinataire de l’information, qui est chargé de monter l’opération. Pour les enquêteurs, il est évident qu’une telle quantité de poudre blanche va susciter la convoitise de Mohamed Djeha, dit « Mimo de la Castellane », l’une des cibles prioritaires de l’Ofast, alors en cavale.
Mais pour des raisons énigmatiques, l’opération tourne à la débâcle. Les informations transmises à la justice sont erronées : le chargement contient 400 kilos, le double de ce qui était annoncé. Ensuite, personne ne vient récupérer la marchandise. La drogue est stockée à l’arrière d’un utilitaire, abandonné de parking en parking à Marseille. « Mimo » ne mord pas à l’hameçon. Comme si l’opération policière avait été éventée et que le baron de la drogue avait senti le piège. Lire la suite sur https://www.leparisien.fr/faits-divers/disparition-de-pres-de-400-kilos-de-cocaine-les-patrons-de-loffice-antistups-de-marseille-places-en-garde-a-vue-23-06-2025-UA5BTE2GIVEX7IETHXI3GXSMMM.php?at_variant=photo&at_creation=Le%20Parisien&at_campaign=Partage%20Twitter%20CM&at_medium=Social%20media
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