Musique : revoilà Amity Méria
Postée le 13-10-2021 / 464 Vues

Depuis 31 ans, Amity Méria rythme le paysage musical burkinabè. Le 15 septembre dernier, elle a présenté son 8e album de 10 titres. Présentation et décryptage !

« Yankaw est une peinture d'une société, celle des humains qui ont définitivement décrété qu'une personne n'a de valeur que lorsqu'elle est matériellement et financièrement riche, c'est aussi une complainte et une impuissance malheureuse face à cette situation que nous vivons ». Voici le résumé du titre ‘’Yankaw’’, chanson éponyme du 8e album d’Amity Méria, sorti le 15 septembre au Burkina Faso. En allant dans le même sens, la Kundé d’Or 2004 évoque aussi ses inquiétudes dans ‘’Miri’’. « J’attire l’attention sur notre monde affaibli, amaigri, malade. C’est une chanson imagée et chargée de symboles pour décrire combien le monde se porte mal et continuera de se port er de plus en plus mal tant que l’humain ne changera pas son comportement et ses dérives face à la vie et à toutes les créatures de notre environnement. Si l’humain ne change pas, le monde ne guérira plus jamais », alerte l’artiste.

Outre les regrets de la chanteuse burkinabè sur notre monde de plus en plus basé sur le matériel, l’opus dont la critique salue la maturité, aborde d’autres thèmes plus gais et louables comme Dieu (Barika), le travail (Bara), l’amour (Viens dans mes bras), la famille (Binbinbin et N’Dogo)…

La nouvelle œuvre d’Amiy Méria comprend 10 titres chantés en dioula, bambara, dafing et français. Les arrangements ont été assurés par Sam Etienne Zongo et Seydou Koïta. Après un long silence discographique, cette publication marque les 30 ans de carrière de la chanteuse, faite Chevalier dans l’ordre du mérite burkinabè et Ambassadrice de la paix. Mais la diva mandingue n’est pas prête à s’arrêter. « Je vois ma carrière comme un parcours de combattant qui ne va jamais s'arrêter tant que je serai toujours sur scène », soutient-elle. C’est dire qu’elle entame ses trois décennies musicales avec enthousiasme et détermination. « Si je me réfère au fait que la vie est faite de haut et de bas, je comprends aisément que la musique n'échappe pas à cette vision des choses, donc je n'ai aucune raison de me plaindre. Au contraire, je rends grâce à Dieu pour ces 30 années et je lui dis merci », reconnaît l’une des meilleures voix du Faso.

A la question de savoir s’il y a des choses qu’elle aimerait faire et qu’elle n'a pas réussi à faire, la native de Gaoua (commune urbaine de la province du Poni, dans la région du Sud-Ouest au Burkina Faso) est évasive et un brin philosophe. « Dans la vie, on ne doit pas tout faire. Même si on le peut, l'essentiel est d'essayer de rester fidèle à ses valeurs et à ses principes. Ce sont des choses qui, pour moi, ne se négocient pas », lance l’ancienne élève du Lycée Ouezzin Coulibaly de Bobo-Dioulasso.

Discrète et cannière, Amity Méria est réputée comme une infatigable et méticuleuse travailleuse. Elle fait partie des porte-drapeaux de la musique burkinabè. On peut ainsi saluer son courage et sa force de caractère à tenir la route après 30 ans de carrière. C’est un parcours honorable qui sert aujourd’hui de boussole à la jeunesse burkinabè qui veut emprunter le chemin de la musique. Amity Méria est familière au public du pays des Hommes intègres qui la considère désormais comme un de ses porte-flambeaux. Son intéressant chemin artistique est riche de 8 albums à son compteur et est parsemé de nombreuses récompenses. Amity Méria a été nominée en 2000 et 2008 par les Koras Music Awards respectivement comme meilleur artiste d’Afrique de l’Ouest et meilleure artiste du continent africain. Son beau parcours a été reconnu en 2004 par un Kundé D’Or, le trophée de musique le plus convoité au Burkina Faso. Une année après ce sacre, les autorités burkinabè s'élevèrent en 2005, au grade de Chevalier de l’Ordre du Mérite burkinabè avec agrafe Arts et Culture.

Si Amity Méria est reconnue aujourd’hui par la musique, force est de reconnaître qu’elle a eu un cursus scolaire et universitaire parfait. Depuis 1990, Mariame Dramé est titulaire d’un Certificat de Maîtrise en Lettres : Option Arts du Spectacle, décroché à l’Université de Ouagadougou.

Aymane Nourra Omar

Source : Afriquefemme.com
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